Tchad – La santé publique menacée

Si autrefois l’Ecole Nationale de Santé (ENAS) s’occupait de la formation des agents et assistants sanitaires, il y a ce dernier temps des instituts qui se sont lancés dans ladite formation. Bon nombre des jeunes sont déjà formés par ces instituts et qui opèrent dans différents hôpitaux,  centres de santé  et des cliniques privées à N’Djamena tout comme dans des provinces. Il y en a ceux qui vadrouillent aussi dans les quartiers. Cela peut constituer un véritable danger pour la santé publique. 

Suivre une formation dans le domaine sanitaire n’est pas chose difficile de nos jours. Etre admis au concours d’entrée à l’Ecole Nationale de Santé ne préoccupe pas les élèves et leurs parents comme jadis. Les recalés au concours d’entrée de ladite école trouvent facilement leurs places dans des instituts pour suivre la même formation. Il suffit d’avoir tout simplement des moyens pour y avoir accès. Ces instituts nouvellement créés ont formé et forment des élèves pour le titre d’Agent Technique de Santé(ATS), Infirmier Diplômé d’Etat(IDE), Sage Femme(SF) et Assistance Sociale. Bon nombre de ces jeunes formés se trouvent dans la vie active. Il y a ceux, abandonnés à la nature, font la pluie et le bon temps dans les quartiers prescrivant tout à leur tête des ordonnances aux pauvres citoyens lambda. Beaucoup des tchadiens n’ayant pas des moyens suffisants pour aller à l’hôpital ou dans des cliniques se trouvent obligés de se tourner vers ces jeunes qui les jugent moins chers. « Nous sommes bien conscients que ces jeunes ne méritent pas le titre de docteur que nous les appelons souvent. Mais ils nous aident quand même. Ils peuvent facilement se déplacer pour nous rendre service à toute heure à la maison. En plus de ça, ils sont à la portée de nos bourses. Vu leurs comportements, ces jeunes ont sincèrement l’intention de nous aider que de se faire de l’argent », commente un enseignant de son état qui requiert l’anonymat. Et d’ajouter plus loin que : « ces jeunes nous trouvent des médicaments prescrits dans l’ordonnance très moins chers contrairement dans des pharmacies où les produits coûtent extrêmement chers ». Ce point de vue de l’enseignant est largement partagé par Maître tailleur Maloum Abbas. 

Probables dangers publics 

Si certains soutiennent que ces jeunes « docteurs » rendent des inestimables services dans les quartiers, d’autres se préoccupent ou doutent davantage sur la qualité de leurs services et même de leur formation. Beaucoup trouvent anormal que ceux-ci prescrivent eux-mêmes des ordonnances ou proposent des comprimés à leurs patients. « Ces jeunes appelés souvent « docteur » par les citoyens lambda sèment de désordre dans les quartiers. L’essentiel pour eux, c’est d’empocher un 1000 Fcfa ou un 2000 FCFA. Pire encore, ils ne respectent pas la déontologie  et prescrivent de n’importe quoi aux malades qui les sollicitent. Certains s’hasardent même à faire des avortements aux filles à l’insu des parents. Il suffit qu’il y ait des demandeurs et c’est tout. Ils ne tardent pas puisqu’on ne les contrôle pas, ils sont comme ça dans des quartiers avec leurs diplômes en mains. Le cas de la faculté de la médecine nous édifie et prouve déjà que ces jeunes constituent aussi des dangers publics puisqu’ils mettent l’accent sur l’argent ou sur le matériel sans se soucier des conséquences qui pourraient advenir », se plaint Jean M., un père de famille sexagénaire révolu. Ce comportement semble être formellement contesté d’ailleurs par les formateurs. « On a formé ces jeunes juste pour assister les médecins et non pour jouer le rôle de ces derniers. On leur a tant défini leur rôle lors de différentes séances de formation. Mais ça nous étonne fort qu’ils prennent des risques de prescrire ou de proposer des médicaments aux personnes malades dans les quartiers. Imaginer bien ce qui peut arriver par la suite puisqu’ils ne sont pas bien outillés pour en faire.», souligne un formateur lors d’une conversation au sein d’un Institut de la place. « Et quelque fois, la faute revient aux personnes qui demandent le service de ces gens là puisqu’ils aiment le moins cher voire la facilité. Il n’est pas aussi difficile de se rendre à l’hôpital pour voir un médecin pour sa santé. Et on dit souvent que la santé n’a pas de prix aussi », ajoute-il. 

L’intégration pose problème 

Ces jeunes fraichement sortis de ces instituts sont confrontés aux multiples problèmes d’embauche après la formation. « Il est très difficile de trouver du travail au Tchad après la formation surtout si tu n’as pas de soutien ou un parent bien placé quelque part. Même dans les privés, il faut avoir des connaissances pour y être intégré. Voilà pourquoi, abandonnés à nos tristes sors, nous aidons les pauvres citoyens qui n’ont pas les moyens d’aller à l’hôpital ou dans des cliniques aux quartiers », justifie Abakar, un étudiant en 3ème  année de l’infirmier Diplômé d’Etat. 

L’Etat a tout intérêt de chercher des mesures conséquentes afin d’endiguer ce phénomène de docteurs de quartier avant qu’il ne soit tard. Et ceci est sans doute dans l’intérêt de tous.  

Guérisseurs ambulants, salut ou danger pour la population? 

Munis de mégaphones, sacs remplis de racines, ils sont facilement repérables. Appelés «Docta» ou «Docteurs», les charlatans ambulants sont de plus en plus nombreux sur les places publiques de la ville de N’Djamena. Certains se déplacent à vélo, d’autres à moto et même en voiture et ils débouchent de tous les coins et quartiers pour converger vers le centre ville. «J’ai la solution pour tous les maux… Stérilité, impuissance sexuelle, hémorroïdes, …», Ces nouveaux guérisseurs disent apporter des solutions face à un système médical complètement en panne. 

Consultation gratuite et thérapie avec des plantes, donc moins coûteuses, les «Docta» poussent le bouton jusqu’à présenter leur business comme une réelle alternative, salutaire face à des médecins de l’Etat qui s’occupent beaucoup plus de leurs cliniques que des hôpitaux publics. 

Les avis sont partagés face à ce phénomène. Si certains considèrent que la croissance du nombre de ces médecins improvisés est un danger public, d’autres le voient comme un mal nécessaire. «Contrairement aux hôpitaux qui ne reçoivent que ceux qui ont beaucoup d’argents, les tradi-praticiens au moins sont accessibles à tous», soutient Alhadj Adam, un des plus fidèles clients de docteurs de la rue. 

Un nombre assez important de gens se sont faits berner et ont réalisé bien après que les feuilles ou les racines qu’ils se sont donnés la peine d’ingurgiter n’avaient aucune vertu thérapeutique. On peut se demander où sont les autorités censées légiférer sur ces pratiques. Les charlatans opèrent en toute quiétude et l’on ne peut même pas compter sur une justice elle-même au ralenti, pour poursuivre les responsables des dérapages qui ont des conséquences néfastes sur la santé de la population. 



4 commentaires

  1. Tchingweubé dit :

    à la découverte de ce site, j’en suis émerveillé au point où je déclare « il y a encore des tchadiens nationalistes et patriotiques ». Je souhaite recevoir des nouvelles de ce site

  2. ASTANGAL dit :

    j’admire ce que vous faites , mais je me rend compte que le tchad à encore beaucoup de problème en matière de santé . pour ce qui est de ces jeunes formés qui exercent dans la clendestinité, je crois savoir qu’ils ont été formé par des écoles agrées par le ministère de la santé et qu’ils ont suivie des cours théoriques et pratiques sanctionnés par un diplôme leur permettant de poser certains gestes sous serment comme ces médecins dont vous semblez parler avec beaucoup d’admiration.De plus dans le cadre de leur enseignement il leur est défini un paquet minimum d’activité lors qu’ils exercent en clientèle privée.JE crois que le gouvernement gagnerait à plutôt à assurer leur intégration ou réglementer leur formation

  3. Abdelkerim Abderaman Kary dit :

    Je suis Technicien Ambulancier Medical d’Urgence;j’ai monter un projet de couverture Sanitaire(SMUR)pour la ville de Ndjamena qui en developement par rapport au projet Presidentiel pour le Developemnt du Pays.
    je voudrais parler des chauffeur des Ambulance qui se dise Ambulanciers que, meme les Medecins au lieu de definir le role d’un Ambulancier et un chauffeur d’Ambulance a ceux qui se disent Ambulanciers afin qu’ils puise comprendreles choses,ils ne le fond pas et se permetent de les appeles Ambulanciers d’autant plus qu’ils ne le sont pas.
    Permetter moi de vous definir la nette difference entre un Ambulancier et un Chauffeur d’Ambulance:

    – Un Ambulancier est un corps Medical,dotter de differentes techniques d’interventions sur le terrain lors d’un accident,il peus intervenir seul pour secourir un accident ou un incident capable de prendre en charge les victimes des accidents routier et les Evacuees vers un centre Medical le plus proche.

    – Un chauffeur d’Ambulance est celui qui conduit un vehicule Medical ou un Medcin avec un vehicul avec un logo Medical; cela ne veux pas dire qu’il est un Ambulancier;il est un CHAUFFEUR Medical.

    Cela nous converge vers la question que nous devons nous poser;qu’est ce qu’une Ambulance? que doit contenir une Ambulance? quel Equipement faut-il pour une Ambulance? A la reponse a cette question je vous le repondrais prochainement.

    En effet,je souleve cette situation qui dans le meme sens que celui des infirmiers,ATS en chaumage qui carresent le Danger dans les quartier sans se rendre compte de ce qu’ils font subir aux cityens qui,malgre la Gratuite de soin offert par le President de la Republique Idriss Deby Itno se font torture par ces corps medicaux inconcients de la deontologie Medicale sous pretext que les hopitaux sont tres chers car,il suffit seulement de faire la consultationt benefice de l’ordonance pour les achats de medicaments a la pharmacie de l’hopital;Bien que certains medicament ne se trouve pas dans les pharmacie des hopitaux,il suffit de revoir le medecin pour le changement de traitement pour acceder aux moin chers de l’hopital,sans reflexion ils envons se procuere chez docteur choukou etc…..

  4. ADOLFE dit :

    enfin voilà un site qui fait reflechir sur des vraies questions au tchad. le tchadien a besoin du minimun pourr vivre et sil ne le trouve pas il le cherchera mme sous la mer ou sur les cieux. il ne faut pas être dupe de cela.je felicité le blogeur. mais je souhaite que la question soit transmise aux parlementaires. jamais ils ne discutent des problèmes de fond de cette société, ex l accident survenu sur le pont dee chagoua il y a quelques annee faisant de 100taines de morts dans l eau, et pour lequel le Gouvernement a pris de decision que plus de passagers comme de boites de conserve danss une voiture, les véhicules sans frein à ndjamena, puis la police sans un minimun de sens et bagage surr la vie en cité mais qui racle la population.. c’est horribles ces choses alors que les autorités le savent bien ou laissent faire pour que les uns et les autres trouvent leur agal goro.

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