N’Djaména – Tchad: Diplômés dans la débrouillardise
Lorsqu’on vit dans un pays où trouver un emploi relève du miracle, on apprend à faire avec les moyens de bord pour lutter contre la crise et survivre.
« J’ai une licence en sciences commerciales après cinq années infructueuses dans la recherche d’un emploi, j’ai opté pour la débrouillardise », confie Abakar Chérif, un jeune « photocopieur ». Il poursuit, « J’ai reçu ma photocopieuse de mon grand frère qui vit à l’étranger et en échange, je dois prendre en charge mes vieux parents et ma propre famille ».
En plus de la nourriture pour sa famille, l’argent gagné dans ce petit business permet à Abakar Chérif de payer son loyer, comme tout autre débrouillard tchadien. Ce jeune homme garde espoir et croit en un lendemain meilleur. Mais en attendant, il vit au «taux du jour» comme on dit ici.
La débrouillardise tombe comme récompense pour tous ces jeunes tchadiens qui étudient dans des conditions très difficiles. Longues distances à pied, frais académiques exorbitants, syllabus et supports de cours vendus au prix fort, tout ça pour finir dans un petit métier. Autant de cerveaux disponibles qui ne demandent qu’à travailler pour leur pays mais qui chôment. Comment espérer que le Tchad s’en sorte avec des réalités de ce genre?
Pendant ce temps, ceux qui sont censés représenter le peuple et répondre à ses attentes s‘affairent à se tirer les cheveux pour tel ou tel autre poste politique. Ces mêmes politiques, incapables de remettre les choses sur les rails dans leur pays, envoient leurs enfants étudiés et se réfugient en occident.
C’est triste de savoir que le chômage ne cesse ronger les forces vives de la nattion. De plus, depuis 2 décennies, point de politiques envers les diplômés sans emplois. D’ailleurs, combien sont- ils? Seul Dieu connaît leur nombre exact de ceux qui galèrent.
Qu’on sache les données ont changé. Etre licencé ou diplômé ne signifie forcement pas être né sous une belle étoile. Le temps, les diplômes ammassés jaunissent, mieux vaut se donner à la série ‘D’. L’acte de Chérif est salutaire. L’esprit entrepreunarial est pour les jeunes tchadiens la seule issue d’avoir des places sous l’ombre.