Tchad : Les autorités exhortent les habitants à être solidaires et patriotes en donnant leur sang
Au Tchad où la demande de sang est de loin supérieure à l’offre, les autorités nationales ont exhorté, à l’occasion de la journée mondiale du don de sang, à un acte de solidarité et un devoir patriotique.
Depuis deux ans, le Centre national de transfusion sanguine ( CNTS) du Tchad, né sur les cendres de l’ancienne « Banque du sang », s’est vu doter d’un bâtiment flambant neuf, situé dans l’enceinte de l’Hôpital général de référence nationale, la plus grande structure sanitaire du pays.
Malgré les moyens techniques importants mis en oeuvre, le Centre est peu fréquenté et a du mal à assurer son rôle d’intermédiaire entre les malades et les personnes en bonne santé par manque de donneurs volontaires.
« L’Etat peut construire des très beaux bâtiments, on peut avoir les meilleurs techniciens, mais si les Tchadiens ne viennent pas donner leurs sang, le résultat sera toujours nul », déclare Dr M’Banga Djimadoum, directeur du CNTS.
A la création de la Banque de sang en 1972, le nombre des donneurs était de 200 à 244 par an. Ce nombre est passé à plus de 3.524 volontaires en 1978, puis il a chuté définitivement avec la guerre civile qu’a connue le pays en 1979.
« Ce grand nombre de donneurs volontaires dans les années 70 était grâce à l’émission de la Croix-Rouge au Tchad (CRT), dénommé « Antenne CRT » et qui passait sur les ondes de la radio nationale et encourageait la population à faire des dons gratuits de sang », se souvient Richard Djasra, infirmier à la retraite.
A l’occasion de la Journée mondiale du don de sang, célébrée vendredi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé à tous les pays son objectif d’atteindre 100% de leurs besoins en transfusion sanguine d’ici 2020.
« Au Tchad, nous ne sommes qu’à 40%. Le taux des dons volontaires n’est que de 14% pour N’Djaména et de 5% pour tout le pays », déplore le directeur du CNTS.
Ce faible pourcentage de dons volontaires s’explique, selon Dr M’Banga Djimadoum, par le fait que les Tchadiens préfèrent les dons familiaux lorsqu’un parent ou un ami est malade. « Le sang n’est pas une histoire de famille, c’est un problème de compatibilité du groupe sanguin », s’insurge-t-il.
La secrétaire d’Etat à la Santé publique, Mme Chamsalhouda Kadade, reconnaît que la demande de sang au Tchad est supérieure à l’offre et exhorté les services de transfusion sanguine à relever le double défi de fournir du sang en quantité suffisante tout en garantissant sa qualité et sa sécurité.
« Le gouvernement a consenti d’énormes sacrifices pour rénover et moderniser les services de transfusion sanguine en vue de garantir la sécurité transfusionnelle et est prêt à faire davantage. Mais ces efforts ne règleront pas à eux seuls les problèmes de disponibilité en produits sanguins aussi longtemps que la population tchadienne ne saisira pas cette opportunité pour faire du don de sang un acte de solidarité et un devoir patriotique », affirme Mme Chamsalhouda Kadade.
Elle invite tous ses compatriotes à s’approprier ce slogan: » chaque don de sang est un don de vie ».
« La procédure pour faire un don de sang est des plus simples, si nous nous libérons du poids des us et coutumes et des religions. Il faut avoir juste la volonté de le faire et franchir le palier du CNTS », indique Dr M’Banga Djimadoum.
Au siège du Centre, un technicien réalise d’abord quelques examens sommaires pour déterminer le poids du donneur, son âge qui doit être compris entre 17 et 55 ans, sa tension artérielle, le taux d’hémoglobine pour savoir si le donneur a assez de sang pour le faire.
Puis viendra la phase de prélèvement qui doit être égal au 10% du poids du corps et dure en moyenne 10 à 15 mn. Le sang prélevé sera soumis à des examens en laboratoire pour déterminer s’il ne contient pas le virus du sida, celui de l’hépatite B ou C et la syphilis avant de faire l’objet d’un groupage sanguin.
« Le sang ainsi prélevé est gardé dans des unités frigorifiques et mis gratuitement à la disposition du malade à la demande du médecin traitant », conclut le directeur du CNTS.
Grâce à un budget aligné sur les fonds pétroliers et qui lui assure une certaine autonomie, le CNTS offre une petite collation (sandwich et boisson non alcoolisée) aux donneurs volontaires qui viennent faire le geste qui sauve.
Source: Agence de presse Xinhua