Tchad : Gali Ngothé Gatta, un élu plus populaire que jamais
Libéré en avril 2012, le député d’opposition Gali Ngothé Gatta a retrouvé son siège à l’Assemblée. Ses priorités restent la séparation des pouvoirs et l’amélioration du niveau de vie.
Il s’était donné du temps. De longs mois, avant de revenir publiquement sur ses ennuis judiciaires. Gali Ngothé Gatta, 63 ans, député de l’Union des forces démocratiques-Parti républicain (UFD-PR, opposition), avait été arrêté le 4 mars 2012. Puis condamné à un an de prison et à 200 000 F CFA (305 euros) d’amende pour tentative de corruption, détention illégale d’arme et complicité de braconnage de phacochères.
Il n’avait alors cessé de dénoncer une affaire montée de toutes pièces, et de pointer du doigt Haroun Kabadi, le président de l’Assemblée nationale et ex-secrétaire général du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir). Lequel, selon lui, n’avait pas supporté de le voir élu dans la même circonscription lors des législatives de 2010. Relaxé par la cour d’appel de Moundou (Sud) faute de preuves, Gali a été libéré le 24 avril 2012. L’État, qui avait porté le dossier devant la Cour suprême, a été débouté en juillet. (suite…)
Tchad – Moussa Faki Mahamat : « Nous sommes obligés de jouer un rôle dans la région »
Mali, Conseil de sécurité de l’ONU…, Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, en fonction depuis avril 2008, revient sur l’évolution de sa « diplomatie de paix » lors d’un entretien accordé au magazine Jeune Afrique.
Jeune Afrique : En quoi la montée en puissance du Tchad sur la scène régionale est-elle légitime ?
Moussa Faki Mahamat : Il est de notre devoir de nous assumer. Le Tchad a été victime de la guerre et déstabilisé pendant des années, au point d’être qualifié d’« État néant » par votre hebdomadaire [« Tchad : État néant », titrait Jeune Afrique à la une de son no 905, daté du 10 mai 1978, NDLR]. Nous sommes donc mieux placés que quiconque pour mesurer l’urgence qu’il y a à mutualiser nos moyens pour faire face à ces défis. Nous n’avons pas d’ambition de leadership spécifique. Notre position géographique nous oblige à jouer un rôle dans la sous-région et nous le faisons en fonction de nos moyens, sans aucune prétention. (suite…)
Tchad : climat social sous haute tension
Après une année perturbée par les grèves et manifestations, les leaders syndicaux comptent sur le nouveau gouvernement pour relancer le dialogue.
Entre le gouvernement tchadien et les syndicats, le bras de fer continue. Après avoir décidé d’observer une trêve entre le 19 décembre 2012 et le 31 mars 2013, les fonctionnaires menacent de reprendre la grève si leurs salaires ne sont pas revus à la hausse, comme cela leur a été promis. En décembre 2012, le chef de l’État, Idriss Déby Itno, avait reçu les leaders syndicaux pour calmer le jeu, les exhortant à reprendre les négociations à la table du Comité national du dialogue social (CNDS). En vain pour le moment. « Nous ne pouvons pas dialoguer sous la pression, explique Michel Barka, le président de l’Union des syndicats du Tchad (UST). Nous changerons d’avis quand le gouvernement reviendra sur l’annulation du protocole d’accord. » Un document signé en 2011.
Dès 2007, les travailleurs du secteur public avaient attiré l’attention du gouvernement sur la baisse de leur pouvoir d’achat, une diminution liée à la flambée des prix, et demandé une revalorisation du smic - qui est de 30 000 F CFA (45,7 euros) par mois -, pour faire face à la cherté de la vie. À la suite de la grave crise céréalière de 2009-2010, qui s’est traduite, au Tchad comme dans de nombreux pays, par une très forte augmentation des prix des céréales, Idriss Déby Itno avait reconnu que la situation était « dramatique » et convenu qu’un travailleur tchadien, quel qu’il soit, ne pouvait raisonnablement gagner moins de 60 000 F CFA par mois, appelant donc au doublement du smic. Mais la mesure n’a pas été appliquée. (suite…)
Tchad : pas d’état de grâce pour le gouvernement de Dadnadji
Sur le bureau du nouveau Premier ministre tchadien, Joseph Djimrangar Dadnadji, les dossiers s’accumulent. En haut de la pile, celui, brûlant, de la sécurité intérieure.
Il avait été annoncé plusieurs fois comme candidat à la primature ; c’est finalement le 21 janvier dernier, au moment où l’on s’y attendait le moins, que Joseph Djimrangar Dadnadji a été nommé Premier ministre. Il remplace Emmanuel Nadingar, qui occupait la fonction depuis mars 2010. Un proche d’Idriss Déby Itno explique : « Après avoir gagné les élections et récompensé les militants, il fallait passer à l’action. Le président a donc décidé de confier la mission à une autre personne, d’où le choix de Djimrangar. » À 59 ans, cet administrateur, juriste et membre du bureau politique national du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir) a été plusieurs fois ministre et membre du cabinet du chef de l’État - qu’il dirigeait jusqu’à sa nomination à la primature. C’est dire si l’homme connaît le système et y a ses réseaux.
« Mettons-nous au travail, a-t-il lancé à sa prise de fonctions. Je serai l’ami des travailleurs et l’ennemi des paresseux. » Il a réitéré ces propos lors de la présentation de son programme politique devant le Parlement. Une feuille de route qui prévoit de restaurer l’autorité de l’État pour développer le monde rural - une promesse présidentielle - et maintenir le dialogue avec l’opposition, les syndicats et les bailleurs de fonds. (suite…)
Tchad : la Cen-Sad est morte, vive le Cen-Sad
À N’Djamena mi-février, la Communauté des États sahélo-sahariens a tourné la page Kaddafi. Avec un traité refondateur et un nouveau leadership, que le président tchadien semble tout disposé à assumer.
Quinze ans après sa création à Tripoli et alors qu’elle était entrée en hibernation depuis 2011 – anesthésiée par la crise libyenne, puis paralysée par la mort de Mouammar Kaddafi –, la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) se « remet à flot », selon les termes d’Idriss Déby Itno, son président en exercice. S’il est en effet un peu tôt pour savoir quand aura lieu le prochain sommet (prévu au Maroc et qui marquera l’entrée en vigueur du nouveau traité), comment les États membres vont jouer le jeu avec des règles désormais révisées ou quelle sera leur capacité à résoudre les problèmes régionaux, le sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement qui s’est tenu à N’Djamena le 16 février a voulu officialiser la renaissance de l’organisation. Dans un contexte sous-régional perturbé, avec un traité révisé et de nouvelles instances, l’organisation ne devrait en tout cas pas chômer. (suite…)