Tchad: Les raisons de la retouche gouvernementale

Tchad: Les raisons de la retouche gouvernementale dans ACTUALITES 1361525406841-300x199Moins d’un mois après sa formation, le premier Gouvernement Dadnadji, formé le 25 Janvier 2013, connait sa première retouche. Loin d’être un simple réaménagement technique, il s’agit plutôt d’un remaniement gouvernemental en bonne et due forme. Certes, depuis le 14 Février, date du limogeage des ministres de l’intérieur et de l’administration du territoire, on s’attendait plus ou moins à un remplacement numérique, compte tenu de l’importance des postes vacants.

Des personnalités de premier plan, tels que Mahmat Okormi et Abdallah Nassour, considérés généralement comme les piliers du régime, quittent la barque. De vieux briscards, du genre d’Ali Mahamat Zène Fadel et Mandigui Yokabdjim (‘’Yok’’ pour les intimes), longtemps au placard, font leur entrée. On note aussi une entrée remarquée de personnalités plus ou moins connues, telles que Issa Ali Taher, Oumar Adoum Sini ou encore Mme Chamchal Houda Abakar Kadade.

On peut s’interroger sur les motifs d’un tel remaniement, juste un mois seulement après sa formation. La première, qui vient en tête, est bien sûr de combler le vide laissé par les limogés, et de faire partir Mahmat Okormi, lui également concerné par le contrôle des effectifs de la police, actuellement en cours. La seconde consisterait à dégager certaines personnalités du gouvernement pour les redéployer ailleurs. Ainsi, le Ministre du Plan, de l’Economie et de la Coopération internationale, Bédoumra Kordjé est, quelques heures seulement après son départ du gouvernement, nommé à la Présidence de la République, comme Secrétaire Général. Ancien banquier international connu pour son calme olympien et son sens de la méthode, il va désormais administrer le palais présidentiel.On peut aussi voir dans cette retouche de l’équipe gouvernementale le désir du Chef de l’Etat et du Premier Ministre de recentrer quelques préoccupations d’ordre administratif, politique et technique. Le rappel au gouvernement d’un administrateur chevronné de la trempe de Yokabdjim Mamndigui de la Direction de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature pour prendre, entre ses mains, à la fois l’Aménagement du Territoire, la Décentralisation et les Libertés locales est un signal fort qu’un coup d’accélérateur sera donné à la politique de la décentralisation entamée mais non encore achevée. De même, la pagaille, le peu de rendement et de productivité qui caractérisent l’administration publique tchadienne pourraient expliquer le rappel de cet homme dont le dernier passage au gouvernement remonte à au moins une dizaine d’années.

Sur le même registre des préoccupations des autorités à donner une meilleure visibilité aux actions gouvernementales, on peut classer le ministère des infrastructures et des équipements publics. La terminologie ‘’publics’’ est ici tout un programme. En effet, il y a une évolution notable et constante dans ce département. Autrefois, les ‘’ infrastructures et équipements’’ étaient une direction technique mais rattachée directement à la Présidence de la République. Ensuite, c’est devenu un département ministériel mais toujours rattaché à la Présidence de la République. Cette fois-ci, le département se détache totalement de la Présidence. Cela traduit à la fois une préoccupation de bonne gouvernance, de rigueur dans la gestion des équipements et de planification détaillée et à long terme.

Autres motivations qui expliqueraient ce remaniement gouvernemental, la nécessité de revoir en hausse le quota attribué aux femmes et de donner un peu plus de la place aux jeunes. Faisant de la promotion de la femme et de l’emploi des jeunes son cheval de bataille, le Président de la République a revu en hausse le nombre de femmes dans le gouvernement: il passe de 5 à 6.

Enfin, l’on notera trois choses. La première, certains titulaires de postes clés restent en place: les Affaires Etrangères, la Défense, la Justice, les Finances, la Communication. La seconde, le Général Abdallah Mahamat Nassour, très proche du Chef de l’Etat, quitte le gouvernement. Peut-être pour d’autres missions. La troisième, tout en s’ouvrant aux alliés et à quelques leaders de l’opposition démocratique (Hamid Mahamat Dahalob, de l’opposition démocratique, garde le ministère du Commerce et de l’Industrie), le MPS, parti au pouvoir, maintient son regard sur l’équipe gouvernementale, avec la présence de son Secrétaire Général, Dr Adrien BéyomMallo, au poste de Ministre Conseiller à la Présidence de la République.

 


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