Kidal : l’armée tchadienne rassure la population
Grâce à sa force de frappe aérienne, l’armée française a libéré successivement, à partir du 11 Janvier 2013, Tombouctou, Gao et autres localités où les islamistes ont établi leur empire dans le Nord du Mali. Des troupes terrestres françaises, souvent en compagnie de leurs frères d’armes maliens, font le ratissage et sécurisent les villes ainsi redevenues libres. Souvent, des scènes de liesses populaires accueillent les deux armées. Les deux gouvernements (français et malien) louent réciproquement le caractère exemplaire et sincère de l’amitié franco-malienne. Le clou de la victoire a été planté, le 1er Février 2013, à la fois à Tombouctou, Gao et Bamako, avec la visite au Mali du Président français, François Hollande.
Mais le 28 janvier 2013, l’armée française est entrée seule à Kidal, dernière grande ville du Nord Mali à être libérée des mains des djihadistes. Motif : les MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) ne veut pas voir l’armée malienne dans son fief. Cette assertion n’a pas été officiellement commentée par les gouvernements français et malien, mais plusieurs spécialises militaires et observateurs politiques en parlent dans les médias. Récemment, un porte-parole de ce mouvement séparatiste, basé en Europe, en a parlé ouvertement, dans les médias. Alors Kidal, une ville malienne, est interdite d’accès à l’armée du Mali?
Cette situation, quelque peu suspecte, inhabituelle et incompréhensible, met du sel dans la sauce de certains observateurs qui se posent des questions sur les vraies motivations de l’intervention française au Mali. Il est vrai que plusieurs otages français sont, depuis plusieurs mois, entre les mains des djihadistes qui occupaient le Nord Mali et que la France voudrait bien les retrouver vivants. Le MNLA aurait-il donné des gages aux autorités françaises de contribuer à leur libération ? En échange, la France aurait-elle promis à ce mouvement sécessionniste un certain rôle dans le Mali de demain? Bamako, en échange des efforts que déploie la France pour la récupération d’une partie de son territoire occupé, a-t-elle décidé, pour le moment, de laisser faire?
Selon ces mêmes observateurs, le malien lambda, qui ne comprendrait absolument rien des calculs politiciens et stratégiques, serait frustré malgré l’euphorie de la libération. Sans le dire, il assimilerait ces jeux politiciens à un marchandage dangereux. Certains d’entre eux se poseraient, en coulisse, la question de savoir comment peut-on vouloir l’intégrité territoriale du Mali et en même temps interdire à son armée l’accès de certaines localités ? Alors, la chasse aux terroristes dans le Nord du Mali serait-il un passage obligé pour atteindre l’objectif principal, qui est la libération des otages français, détenus depuis plusieurs mois, sinon plus, dans le désert malien? Après quoi, des accommodations interviendraient entre le Gouvernement malien et le MNLA, grâce à une médiation africaine ou internationale, pour que la souveraineté malienne prévale, à nouveau, sur Kidal, d’une manière ou d’une autre ? Autant de questions qui restent sans réponses pour le moment.
En attendant, ce sont des troupes tchadiennes qui assurent la sécurité des biens et des personnes dans la ville de Kidal et ses environs, et dans d’autres localités telles que Manaka. Il n’est pas exclu que dans les jours à venir, nos forces descendent plus en profondeur pour traquer les « fous de Dieu » qui ont abandonné les centres urbains pour se cacher dans des grottes.
Article de Mbairé Bessingar / infotchad.com