Idriss Déby donné gagnant au Tchad, l’opposition boycotte
Le président Idriss Déby devrait remporter sans coup férir l’élection organisée ce lundi au Tchad qui est boycottée par les trois principaux partis d’opposition.
Ces partis ont annoncé leur décision en mars en invoquant un manque de transparence à la suite du refus du gouvernement de revoir les listes électorales.
Leurs candidats – Abdelkader Wadal Kamougué, Ngarledjy Yorongar et Saleh Kebzabo – ont déclaré que des milliers de cartes d’électeurs non attribuées et remontant aux élections législatives du 13 février remportées par Déby et ses alliés restaient en circulation et risquaient d’être utilisées frauduleusement lundi.
Déby, qui pris le pouvoir en 1990 à la faveur d’un coup d’Etat militaire, a rejeté vendredi ces accusations. Après le retrait de ses principaux adversaires, il affronte deux candidats moins connus.
« Ils n’ont pas d’argent pour faire campagne, ils savent qu’ils seront battus, c’est la véritable raison de leur appel (au boycottage)« , a dit Déby lors d’une conférence de presse à sa résidence quelques jours avant le scrutin présidentiel.
« Les Tchadiens ne sont pas stupides. Ces gens (les trois candidats d’opposition) ont eu tort à plusieurs reprises, ils ne sont pas fiables. Vous verrez que la participation dépassera le taux de 50% réalisé lors des élections législatives« , a-t-il prédit.
Déby a été confronté pendant plusieurs années dans l’est du pays à une rébellion apparemment soutenue par le Soudan, jusqu’à ce que ce conflit par procuration s’essouffle grâce à un réchauffement des relations entre N’Djamena et Khartoum.
De précédentes tentatives de tenue d’élections dans cette ancienne colonie française ont échoué en raison d’un manque de sécurité.
Dans les rues de N’Djamena, la capitale, les passants étaient divisés sur l’opportunité de voter.
« Idriss Déby sera réélu parce qu’il a fait de grandes choses dans la capitale et en province. Je voterai« , tranche Haji Mariam, une marchande de fruits.
Sa voisine, elle aussi marchande de fruits et favorable à Déby, affirme qu’elle n’ira pas voter parce que c’est superflu.
« Que je vote ou non, Déby sera élu. Et puis, il fait trop chaud, pourquoi aller attendre indéfiniment sous un soleil de plomb?« , dit-elle alors que la température atteint 40°c.
Un homme prénommé Djimtoloum et qui préfère ne pas décliner son nom de famille estime que le scrutin relèvera de la mascarade et confie qu’il n’y participera pas.
« Déby a refusé de nouvelles cartes d’électeurs parce qu’il sait qu’il serait battu si les élections étaient honnêtes« , affirme-t-il.
Nicole Dupont pour le service français
Par Reuters