Bilan de l’action de la MINURCAT selon le GRIP

Mise en place en septembre 2007 par le Conseil de sécurité de l’ONU pour faire face au conflit du Darfour et à ses conséquences au Tchad et en Centrafrique, la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) a pris fin après trois années d’existence. Le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) a publié un bilan contrasté de cette opération de paix intitulé « Bilan en demi-teinte d’une opération de paix : la MINURCAT en Centrafrique et au Tchad ».minurcat.jpg

Selon le GRIP, cette opération s’est en premier lieu heurtée au refus de l’Etat soudanais d’accueillir sur son sol une nouvelle mission des Nations unies. Après avoir rejeté toutes les propositions d’action qui lui avaient été faites, le gouvernement a finalement trouvé un compromis avec l’ONU : créer une mission hydride de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour (MINUAD), afin que la majorité des troupes soit Africaine. La reprise des activités insurrectionnelles au Tchad, au Soudan et en Centrafrique en 2006 et la menace qu’elles représentaient pour les gouvernements ont également joué en faveur de la création de la mission.

Ne garantissant pas de cessez-le-feu ni d’accord de paix, cette mission ne pouvait, selon le GRIP, être considérée comme politique. Ses objectifs étaient toutefois ambitieux et son mandat a évolué en trois phases. Sa première mission, figurant dans la résolution 1778 de 2007, était d’intervenir pendant un an dans deux domaines complémentaires : la « sécurité et protection des civils » et « les droits de l’homme et l’Etat de droit ». La deuxième, qui a vu le jour avec la résolution 1861 du Conseil de sécurité, datant de 2009, a consisté à assurer la protection des civils (réfugiés et déplacés), à mettre en place des facilités pour le personnel humanitaire et à soutenir le processus de paix au niveau régional en collaboration avec la MINUAD. La dernière phase de la mission a commencé avec la résolution 1923 de mai 2010, qui visait à la réduction progressive des effectifs militaires de la MINURCAT afin d’assurer le transfert de ses responsabilités au gouvernement tchadien.

Le rapport du GRIP indique un bilan mitigé de l’action de la MINURCAT, ce qui serait à la fois dû à la fragilité des acquis ainsi qu’à la persistance de certaines faiblesses. La MINURCAT a contribué à la sécurisation et à la protection des camps de réfugiés et de déplacés internes, et a facilité l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection du personnel des organisations humanitaires et des Nations unies. Elle a surtout réussi à mettre en place en collaboration avec le gouvernement tchadien un Détachement intégré de sécurité (DIS) chargé de prendre le relai de ses actions. Les faiblesses persistantes étaient principalement liées au fait que le mandat de la MINURCAT était essentiellement humanitaire alors que les problèmes de la région étaient intrinsèquement politiques. De plus, le choix de la date de retrait de la mission ne semble pas des plus opportuns, puisque la MINURCAT s’est retirée à veille d’élections importantes, privant la population de la possibilité d’y participer librement et dans des conditions de sécurité insuffisantes. Les craintes d’une dégradation de la situation sécuritaire demeurent en effet très présentes. Selon le rapport du GRIP, des leçons doivent donc être tirées des faiblesses de cette mission, afin d’améliorer la gestion des opérations de paix. Le groupe de recherche rappelle notamment la nécessité, pour une meilleure gestion des conflits, de s’attaquer directement aux causes profondes des crises que traversent les Etats.

Source : Rapport du GRIP

 


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