« Retour du Tchad », de Sonia Rolley : un drôle de métier
RETOUR DU TCHAD de Sonia Rolley. Actes Sud, 176 pages, 23 €.
A l’heure où l’Internet met en cause la spécificité du métier de journaliste, voilà un livre à la fois passionnant et roboratif. Sonia Rolley, 29 ans, a « tenu » dix-huit mois à N’Djamena (Tchad) comme correspondante de presse entre 2006 et 2008. Son journal de bord ne tient pas seulement du témoignage éclairé sur l’irrationalité de la politique française dans ce pays « ami ». Pour
la France, qui n’y dispose d’aucun intérêt économique, le Tchad tient surtout du bac à sable pour militaires, sous le couvert d’un héritage historique et d’une lutte contre l’expansion islamiste.
C’est d’abord de journalisme que traite Sonia Rolley dans ces pages vives, humaines, et souvent drôles. Un journalisme mis à nu dans sa fonction première : recueillir des informations, les vérifier, les faire connaître même s’il en coûte. Un B.A.-BA pas facile à appliquer dans un pays où les sources d’information – le régime militaire, les opposants et les rebelles – rivalisent de trouvailles pour vous masquer les vérités qui les dérangent.
Pis, lorsque ces mensonges et manipulations sont encouragés par l’ambassade de France, plus attachée à défendre le président Idriss Déby que la liberté de la presse. Le défi se révèle encore plus audacieux lorsque, comme Sonia Rolley, vous travaillez pour RFI, dont l’immense crédibilité aux oreilles des populations africaines est proportionnelle à la taille des mensonges diffusés par les médias locaux.
Jeune, pleine d’audace, parfois naïve, la « correspondante » s’engage sur tous les fronts : elle court sur les champs de bataille, compte les morts au risque de contredire les communiqués de victoire ; révèle le scandale des enfants soldats, que
la France nie ; tient la chronique du scandale de L’Arche de Zoé. Croyant en ce drôle de métier qu’est le journalisme, elle le pratique au péril de sa sécurité.
Jusqu’à l’expulsion finale, consécutive à sa couverture trop réaliste de l’attaque rebelle qui, en février 2008, faillit emporter le régime Déby.
Depuis le « faites attention mademoiselle ! » susurré par un conseiller de l’Elysée jusqu’au sursis final, accordé pour éviter le scandale qu’aurait provoqué une expulsion pendant une visite de Nicolas Sarkozy, le récit fait partager la vie intense d’une journaliste coincée « entre le marteau et l’enclume ». Avec, en creux, une vivante plaidoirie en faveur d’un journalisme indépendant et donc dérangeant.
Sonia comment ca va est ce que tu te souvient de moi .A RUTCHURU ,KANYABAYONG,GOMA JE TE PORTAIS DANS mon vehicule vers au front a kanyabayonga .comment va ta famille??.